Affaire des enfants volés du franquisme
L’affaire des enfants volés du franquisme est une affaire d’État espagnole.
Le sujet — initialement exhumé par un film[1], diffusé par la télévision espagnole puis, plus intensivement essaimé, à partir des années 2010[2],[3] — reste cependant tabou en Espagne[4]. Les victimes espèrent des suites judiciaires, via le dépôt de plusieurs plaintes[5],[2].
Historique
[modifier | modifier le code]Dans les années 1940 et 1950, voire jusqu’aux années 1980[6], plus de 300 000 enfants sont retirés à leurs mères[2],[7], pour des raisons idéologiques[2],[4], basées sur les thèses controversées d’un psychiatre, lui-même proche de Franco : le docteur Antonio Vallejo Nágera.
Les estimations relatives au nombre réel de ces enlèvements seraient nettement sous-évaluées et pourraient même atteindre 300 000 victimes[6],[2],[4].
Plus tard, dans des familles républicaines, les enfants sont déclarés comme étant mort-nés[2], puis placés dans des familles franquistes[2],[4],[5]. Cette pratique, quasi systématique, s’opère avec la complicité du personnel hospitalier, sous l’égide conjointe de diverses autorités religieuses[2],[4].
Un premier procès s'est ouvert le dans « l'affaire des bébés volés » contre le Dr Eduardo Vela, ancien gynécologue, accusé d'avoir volé un bébé en 1969 pour le confier à une famille adoptive après avoir déclaré à la mère biologique, que sa fille, Inés Madrigal, était décédée[8],[6].
Idéologie
[modifier | modifier le code]Un film[3] relate et explore les expérimentations du docteur Vallejo : Les Enfants perdus du franquisme[1],[3]. Ce reportage décrit une situation expérimentale, dans laquelle les enfants des républicains ne peuvent rester avec leur mère génitrice au-delà de trois ans. Ces enfants sont ensuite pris en charge par une institution catholique, qui leur inculque une idéologie en tout point opposée à celle de leurs parents. Très souvent, d’ailleurs, ces derniers perdent leur trace. Sans aucun fondement scientifique, le rapport déclare :
« […] Les relations intimes existant entre le marxisme et l’infériorité mentale sont évidentes et concluent, sur la base de ce postulat, que la mise à l’écart des sujets, dès l’enfance, pourrait affranchir la société de cette idéologie… »
— Dr Antonio Vallejo Nágera, médecin psychiatre
Vénalité
[modifier | modifier le code]Après la mort de Francisco Franco, le dessein, initialement idéologique et notamment basé sur les thèses susmentionnées, laisse subséquemment la place à une finalité essentiellement lucrative[2],[4],[5].
Anadir
[modifier | modifier le code]L’« association nationale des victimes d’adoptions illégales » — Anadir — s’est créée pour défendre les intérêts des victimes[5].
Filmographie
[modifier | modifier le code]- (fr + es + en) [vidéo] Les enfants volés – ¿Donde estàs? - documentaire de Sandrine Mercier et Juan Gordillo Hidalgo - Marmitafilms et Veo Productions 2012, durée : 54 min[9].
- (es) Els nens perduts del franquisme – Les enfants perdus du franquisme. Réalisation : Ricard Belis i Garcia. Musique : Victor Cortina. Production : Muntsa Tarres, 2004. Durée : 30 min.
- (fr) [vidéo] Reportage sur les enfants volés du franquisme : l’un des derniers grands tabous d’Espagne, 19h30 le journal, tsr.ch, .
- (fr) [vidéo] Histoire vivante — Les enfants volés du franquisme, tsr.ch (via le cache de google), diffusé le . Durée : 57:18. N. B. Le délai de diffusion, en streaming vidéo, est échu depuis le .
Dans la littérature
[modifier | modifier le code]- Angor, thriller de Franck Thilliez, Fleuve noir, 2014
- Mala vida, roman de Marc Fernandez
- Le Labyrinthe des esprits, quatrième tome de la tétralogie du Cimetière des livres oubliés de Carlos Ruiz Zafón, Actes Sud, 2018
- Toutes les dernières fois, de Carole Duplessy-Rousée
- Hôtel Castellana, de Ruta Sepetys, Gallimard jeunesse, 2020.
- Les poupées de Nijar, de Gilles Vincent, édition au diable Vauvert, 2020
- Laure Sirieix et Lauri Fernandez, Ruptures : Les bébés volés du franquisme, Bang Editions, , 144 p. (ISBN 8418101660)
- Caroline Chaverot, Racine cachée, Des auteurs des livres, 2023.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (es) Els nens perduts del franquisme – Les enfants perdus du franquisme. Réalisation : Ricard Belis i Garcia. Musique : Victor Cortina. Production : Muntsa Tarres, 2004. Durée : 30 min.
- [vidéo] Reportage sur les enfants volés du franquisme : l’un des derniers grands tabous d’Espagne, 19h30 le journal, tsr.ch, 10 janvier 2010.
- [vidéo] Histoire vivante — Les enfants volés du franquisme, tsr.ch (via le cache de google), diffusé le 7 août 2011. Durée : 57:18. N. B. Le délai de diffusion, en streaming vidéo, est échu depuis le 14 août 2011.
- [vidéo] « Les enfants volés du franquisme », sur Arte, (consulté le )
- « Bébés volés du franquisme : les victimes espèrent une enquête », sur Le Nouvel Observateur, (consulté le )
- « Pourquoi le procès symbole des milliers de «bébés volés» du franquisme remue autant l'Espagne? », sur 20minutes.fr, (consulté le ).
- « Espagne: reportage sur les enfants volés du franquisme, l'un des derniers grands tabous d'Espagne », sur rts.ch, (consulté le ).
- « En Espagne, les « bébés volés » attendent encore la vérité », sur lemonde.fr, (consulté le ).
- « Bébés volés, un scandale espagnol », sur franceinter.fr, Radio France, (consulté le ).
Annexes
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- ANADIR
- Antonio Vallejo Nágera
- Affaire des enfants volés sous la dictature argentine
- Prison pour femmes de Les Corts
- Adoption forcée d'enfants via l'Église catholique en Belgique
Liens externes
[modifier | modifier le code]- (es) ANADIR — Asociación Nacional de Afectados por Adopciones Irregulares. Site officiel de l’association ANADIR : association nationale des victimes d’adoptions illégales.